Price

Il est gigantesque!

Bruno Gervais: Price has that switch where he just gets in the 'zone'

Bruno Gervais : Price a un déclencheur automatique qui le transporte directement dans « la zone »

(16h) Cette déclaration sur la station radio de Toronto 1050, est de Bruno Gervais ex-joueur de la LNH et analyste à RDS. J’adore!

Au lendemain du 1er match de la présente série entre les Leafs et le Canadien, les Torontois se questionnent.  Comment doit-on s’y prendre pour battre le Canadien et son gigantesque gardien? Parce que Price a grandi lors du premier match. On prépare le 7e (et improbable) match ce soir et, il a encore pris trois pouces depuis ce temps. Ses jambières aussi sont plus larges. Sa mitaine est plus grande et plus rapide que jamais.  Les Leafs le savent et cherche une solution.  « Il doit bien avoir une faiblesse. »  « On va le déranger en le bousculant! » « On va lui donner des coups de bâtons bien placés direct dans les jarrets! »  « Voilà! C’est comme ça qu’on va le battre! »  Ouais… c’est certain que si on lui brise le dos, c’est pas lui qui pourra arrêter les rondelles. Mais malheureusement pour Toronto, afin de gagner le match de ce soir, c’est le seul moyen.  Autrement, y’est trop tard!

(22h) Bon, je n’ai pas eu le temps de compléter mon texte avant le match de ce soir, pas grave.  En ce qui concerne le gagnant, on a toujours une chance sur deux de miser sur le bon et en ce sens, ça n’a rien d’exceptionnel. Ce n’était pas mon but non plus. Bien sur que je souhaitais que Montréal l’emporte! C’est fait et, on est tous très contents! Ce qui est extraordinaire, c’est la manière. Ce qu’on a vu, c’est une équipe négligée qui y a crue, grâce à un leader qui lui a fait croire qu’elle le pouvait. Vous avez entendu les commentateurs et les analystes utiliser différents termes et qualificatifs à propos de la performance de Price ce soir.  « Il est dans sa zone. »  « Il est dans sa bulle. »  « Il est gigantesque. » « De la glace coule dans ses veines. » « Il est imperturbable. » « Il est imbattable. » « Son père c’est Chuck Norris (…). »

Qu’est-ce que les Leafs auraient pu faire de différent? Plusieurs choses. Évidemment, c’est plus simple de relever les erreurs après les matchs, et habituellement, l’équipe qui en commet le plus subit la défaite. Les équipes payent des statisticiens pour « collecter » ces données.  C’est fou quand on y pense. Il existe différentes formules avec des noms comme -  le Fenwick, le Corsi ou le PDO qui vous permettent de calculer votre pourcentage prévisible de succès en tenant compte du facteur chance. Je crois qu’on appelle ça de l’intelligence artificielle.  Les entraineurs prennent en considération tous ces facteurs pour élaborer leurs stratégies. Les Leafs et le Canadien ont accès à ces données. C’est du sérieux. Moneyball n’est pas qu’un film sur l’équipe d’Oakland!  Alors quoi? Comment on fait pour battre le Canadien et surtout son gardien ce soir? Carey Price est dans « sa zone ». Spécifiquement, je ne peux pas savoir comment lui il fait pour y arriver. Je peux émettre des hypothèses. - Il y arrive en se préparant adéquatement, en se mettant en situation favorisant son atteinte.  Il visualise ses gestes, sa posture, ses résultats. Il se plonge dans ses souvenirs et succès passés pour retrouver les mêmes sensations et la même confiance. Il y arrive possiblement plus souvent et plus efficacement que la plupart d’entre-nous. Il s’est entrainé depuis des années pour y arriver au moment opportun. - C’est possiblement tout ça (?).  Va falloir le lui demander.  Par contre, y’a une chose dont je suis certain; on atteint pas l’état de flow (ou l’état psychologique optimal) en se demandant comment battre le gardien de l’équipe adverse. 

Le Canadien est encore bien loin de La Coupe. Les Jets de Winnipeg ont une excellente équipe et eux aussi ont un gardien en pleine confiance.  Il reste encore beaucoup de matchs à jouer.  Carey Price peut-il retourner ou demeurer dans "cet état" sur une période aussi longue? On ne va pas tarder à le savoir.

PHOTO : REUTERS / ERIC BOLTE